L’EXPERIENCE DES DUCELLIER 1986 (VALEO ET SAGEM)

HUMANITE

Article paru dans l'édition du 17 avril 1991.

Sophie Salsac.

Un regard sur le Val d’Allier, et la « reconversion » promise en haut lieu aux Bibs et à la population auvergnate apparaît sous son vrai visage

Le déclin dès 1984 puis la fermeture en 1986 de l’équipementier automobile est encore dans toutes les mémoires. Que sont devenus au fil des ans ces milliers de femmes et d’hommes licenciés par l’équipementier ? Deux lambeaux de l’ancienne industrie Ducellier continuent de tourner avec quelques centaines de personnes :

l’entreprise Marshall, filiale de Valeo à Issoire, et la SAGEM à Sainte-Florine. Dans ces entreprises, le patronat utilise la menace du chômage pour imposer des salaires et des conditions de travail dégradées. Chez Marshall, le pouvoir d’achat a par exemple dégringolé de 20% en six ans. Dans la grille de classifications de la SAGEM, le SMIC, jusqu’ici limité à l’OS, a grimpé jusqu’au coefficient 225 auquel peut être embauché un technicien. Dans ce bassin, où le nombre de demandeurs d’emploi a crû de près de 40% entre décembre 1985 et 1990, selon les propres chiffres de l’ANPE d’Issoire, les femmes et les jeunes paient le plus lourd tribut.

Pourtant, des sommes publiques considérables ont été investies sous couvert de « reconversion ».

Des milliards sont encore aujourd’hui dilapidés par le biais de sociétés en charge de la « reconversion » ; celles-ci procèdent en réalité à la distribution des fonds alloués par l’Etat au titre des différents plans emploi : l’argent permet au patronat de recruter des titulaires de contrats emploi-solidarité et des RMistes pour un coût presque symbolique. Tandis que les communes leur livrent locaux et ateliers clé en main pour installer des « usines-relais ».