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Les dessous de l'affaire "bermuda" : SAGEM(SAFRAN-AIRCELLE-SNECMA)
Les dessous de l'affaire "bermuda" : SAGEM(SAFRAN-AIRCELLE-SNECMA)
24 avril 2014

bermuda : vetement des colons anglais en inde

18 Août 1999 - libération

L'objet de vos vacances : le bermuda

L'uniforme de l'internationale touristique

Elégant sur les soldats de Sa Majesté, le bermuda est très vite tombé, pour son malheur et le nôtre, entre les mains des vacanciers.
On imagine avec peine que les origines du bermuda, ce vêtement de vacances par excellence, puisse se trouver ailleurs qu'aux Etats-Unis - le pays qui nous a déjà donné les jeans, la casquette, le bob, les baskets et autres habits d'été incontournables... Pourtant, c'est en Inde, perle de l'Empire britannique, que les soldats de sa majesté inventèrent ce pantalon court. Pour affronter la chaleur du climat indien, les soldats habitués à vivre sous les latitudes plus fraîches se résolurent à raccourcir leurs pantalons.
C'était un acte bien audacieux en cette fin de règne de Victoria : alors qu'en Angleterre le puritanisme ambiant voulait que l'on recouvre les pianos d'un drap pour ne pas laisser voir les pieds - ô combien suggestifs ! - de l'instrument, aux colonies, l'armée osait montrer ses genoux, de vrais et beaux genoux d'hommes ! C'est ainsi que toute l'armée des Indes britanniques s'émancipa de Victoria, au niveau vestimentaire en tout cas. L'histoire de ce pantalon court se poursuit au milieu de l'océan Atlantique, dans une autre colonie britannique. Dans les années trente, le gouvernement des Bermudes, soucieux d'imiter la distinction de l'armée anglaise, adopte lui aussi ce modèle de pantalon pour ses fonctionnaires de police. Le mot bermuda est né.
Pendant l'entre-deux-guerres, aux Etats-Unis, il est du dernier chic de partir en vacances aux îles Bermudes, devenues l'un des centres les plus réputés du grand tourisme international. C'est là que les touristes américains - enfin ! - s'emparent du bermuda et l'imposent comme nouveau style de vêtement sportif, esthétique, fonctionnel et décontracté. Rien de moins. Le bermuda a donc parcouru un bien long chemin : son tour du monde se termine par le Vieux Continent, où les Européens l'adoptent avec enthousiasme, comme le reste du casual wear américain. Autrefois uniforme d'une police réputée pour sa rigueur, le bermuda est aujourd'hui encore un uniforme, mais d'un autre genre : celui des bataillons de vacanciers du monde entier.
Mais, comme dans bien des histoires couronnées de succès, il ne faut pas attendre longtemps le revers de la médaille. Le fameux short long souffre depuis une dizaine d'années d'une perte de réputation, due à ceux mêmes qui autrefois le rendirent célèbre : les vacanciers. Chaque été, ils ont rendez-vous avec le soleil, la mer... et le mauvais goût : impossible de se sentir véritablement en vacances avant d'avoir enfilé sa panoplie chemise criarde-sandales-bob-appareil photo et bermuda, bien sûr.
Est-ce l'atmosphère estivale relâchée ou un sens de l'autodérision extrême qui pousse les porteurs de short à oser de telles combinaisons ? La question reste entière. Quant à ceux qui trouvent moins plébéien de porter leur bermuda avec le classique polo Lacoste et les indécrottables Weston, on ne peut les juger moins sévèrement. D'autant que, dans leur cas, il n'est pas même possible d'invoquer l'humour. Soyons francs : réussir à porter un bermuda sans être ridicule relève de l'exploit. L'époque victorienne, où le port du bermuda découvrant genoux poilus et mollets rougis était teinté d'un érotisme certain, est bien loin. Sachez, messieurs, que rares sont ceux qui savent rester séduisants ainsi affublés...
Plusieurs efforts ont été entrepris pour sauver ce vêtement incontestablement confortable et pratique. On a d'abord tenter de le rajeunir. Porté bien lâche, sur les hanches, " à la cool ", les jeunes l'ont aujourd'hui adopté comme pendant estival de leurs treillis. Mais ce bermuda relooké n'a pas suffi aux stylistes de haute couture qui voulaient plaire à leurs clients de la bonne société. Pour cela, il fallait à tout prix s'émanciper de l'image populaire du vêtement. C'est pourquoi, chez Yves Saint Laurent, on a décidé de ne plus vendre les bermudas en été, comme tout le monde. Mais uniquement en hiver et en tweed, of course.
Pauline Ravinet et Marion Hoppen

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